La Dame à la Licorne revisitée.
Dans la mise en scène fragmentée de la tapisserie que je présente ici, la Dame a été remplacée par la servante pour mieux se délester des interprétations communément admises de quêtes spirituelles ou d’allégories courtoises, afin de se recomposer de façon plus prosaïque dans une représentation personnelle féministe presque « woke ».
Peinture Acrylique et huile sur toile tissée avec des fils de coton sur un châssis métallique de diamètre 50 cm. Composé de 9 pièces d’un format de 150 cm x 150 cm
Pour ce projet, j’ai opté pour une représentation non conventionnelle de la célèbre tenture médiévale . En imaginant les perspectives accordées aux femmes au Moyen Âge mais aussi aujourd’hui notamment en Afghanistan, j’ai voulu mettre en évidence une vision archaïque et parfois tenace du rôle dicté et imposé aux femmes, tant par la société civile que religieuse.
La servante, le lion, la licorne et les petits lapins!
Cette œuvre originale hybride mixant la peinture et le tissage est structurée en 9 cercles pour illustrer les cycles de vie, la maternité, le cercle fermé de la famille. À gauche, le lion rugissant représente la société civile et religieuse, à droite, la Licorne, le mari bien sûr. Au centre, la dame (remplacée ici par la figure de la servante des tapisseries originales) avec en son ventre rond, un fœtus surveillé de près par les deux compères.
L’inscription « Mon seul désir » trouve sa place en bas à droite, sous la Licorne, comme un aveu caché de la mainmise du mari sur sa femme, et enfin, de nombreux petits lapins gravitent sur la structure de l’œuvre, témoignant d’une vision traditionnelle et hiérarchisée, sous l’autorité de la construction sociale, culturelle et religieuse, où la femme est ou était soumise au rôle de mère, directement liée à la transmission de rangs, de valeurs, de biens, de titres…
La question est ici : de quel désir parle-t-on ? Parle-t-on du désir de la femme représentée, ou des attentes de la société, du mari et du rôle réservé aux femmes appelées à contrôler leurs sens et à assurer une descendance à leur noble mari et à leur famille, à la société?
Comme les planètes tournent autour du soleil, au XVème siècle et encore aujourd’hui, le sort des femmes tourne autour de leur ventre, un rôle attribué, celui de mère, comme une identité indéfectible pour certains.
D’un point de vue formel, j’ai mélangé le travail du peintre pour la création des cartons et celui du lissier pour la réalisation de la tapisserie. Me servir de la peinture réalisée sur toile pour la tisser avec des fils de coton en laissant apparaître la structure (utilisée comme métier à tisser pour fixer mes fils de chaîne) permet de mettre en valeur et de rapprocher le travail du créateur et le travail de l’artisan souvent laissé pour compte.
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